Présidentielle au Gabon : cessez-le feu instauré et interruption d’internet

Présidentielle au Gabon : cessez-le feu instauré et interruption d’internet

août 28, 2023 0 Par Le pouce

Les Gabonais sont passés aux unes, le samedi 26 août pour élire de nouveaux leaders locaux, des législateurs et un président.
Le président sortant Ali Bongo Ondimba, 64 ans, qui a été élu de justesse pour son mandat actuel, envisage rester sur son poste une troisième fois qui pourrait prolonger la dynastie politique de sa famille, vieille de 55 ans.

Il est devient le rival de 13 autres concurrents, dont le plus positionné, Albert Ondo Ossa, professeur d’économie et ancien ministre de l’éducation .
La nomination surprise de M. Ossa est intervenue une semaine seulement avant le scrutin, à la suite d’une réunion à huis clos des poids lourds de la coalition d’opposition.

Les citoyens gabonais ont clamé que le vote, qui devait débuter à 7 heures du matin, a été retardé et n’a démarré qu’en fin de matinée.
Des dizaines de votants attendaient devant les bureaux de vote du centre de Libreville, dont les rues étaient sans presque sans trafics, selon plusieurs témoins.

Environ 847 000 personnes ont l’autorisation de passer aux urnes pendant les élections malgré cela, aucun observateur international, africain ou européen. Également l’absence des médias étrangers, qui se sont vu refuser l’accréditation ou l’entrée dans le pays, comme l’a dénoncé Reporter sans Frontières (RSF).

M. Bongo est rester au pouvoir pendant deux fois sept ans soit quatorze ans. Il souhaite pérenniser la dynastie politique de sa famille, vieille de 55 ans, par un troisième mandat. M. Bongo, alors ministre de la défense, est devenu président en 2009 après la décès de son père, Omar Bongo, qui a dirigé le pays pendant 41 ans.

M. Ossa déclare que son objectif est de sortir le Gabon du statu quo.
Il notifie que s’il est élu, il divisera d’abord l’assemblée nationale, élaborera une nouvelle carte électorale et organisera de nouvelles élections législatives, afin de former un gouvernement qui s’engagera à lutter contre les inégalités économiques.
Tous les scrutins organisés au Gabon depuis le retour du pays au multipartisme en 1990 se sont achevés par des mutineries.

Les affrontements entre les forces gouvernementales et les manifestants à la suite des élections de 2016 ont fait quatre morts, selon les statistiques officielles. Le politicien de l’opposition Jean Ping a blâmé la manipulation des élections pour sa défaite à l’époque – par moins de 2% des voix – et a notifié que le nombre réel de morts était supérieur.
La semaine dernière, à l’occasion de la fête de l’indépendance du Gabon, M. Bongo a pris l’engagement à rendre transparent le scrutin.

Le gouvernement a rompu la connexion internet samedi soir et instauré une restriction de circulation au Gabon en invoquant des risques de violences, peu avant la fin de la présidentielle opposant le sortant Ali Bongo Ondimba à son principal opposant, Albert Ondo Ossa, qui venait de dénoncer des “fraudes” et d’exiger d’être proclamé vainqueur à l’issue du scrutin.
M. Ondo Ossa, très vindicatif immédiatement après avoir voté, avait également demandé, filmé en direct sur les réseaux sociaux, au président Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, de “partir”, se portant “garant” de sa sécurité.
À peine deux heures plus tard, la connexion internet a été interrompue. Le ministre de la Communication, Rodrigue Mboumba Bissawou, a déclaré à la télévision d’État que le gouvernement mettait en place un couvre-feu nocturne de 19h à 6h à partir de dimanche, ainsi qu’une exigence d’autorisation préalable trois jours avant tout rassemblement ou événement.
Il a également confirmé la “suspension” immédiate d’internet “jusqu’à nouvel ordre et sur toute l’étendue du territoire”. Invoquant pour ce faire, au nom de l'”intérêt supérieur de la Nation”, la nécessité de parer aux “appels à la violence” et aux “fausses informations” dans les réseaux sociaux, et de “prévenir tout débordement et assurer la sécurité” des populations.


La télévision publique a ensuite annoncé que la fermeture de certains bureaux de vote avait été repoussée de plusieurs heures, nombre d’entre eux n’ayant ouvert que très tardivement en raison notamment de l’absence de matériel de vote.


Médias français suspendus
Dans la soirée, la chaîne de télévision publique citant le Haute Autorité de la Communication (HAC), a en outre annoncé “l’interdiction provisoire de diffusion au Gabon des médias France 24, RFI et TV5 Monde” auxquels il est “reproché un manque d’objectivité et d’équilibre dans le traitement de l’information en lien avec les élections générales en cours”.
En sortant du bureau où il votait et qui venait d’ouvrir avec huit heures de retard faute de matériel de vote, M. Ondo Ossa a fustigé “des fraudes orchestrées par Ali Bongo et ses partisans”.


“A la fin de la journée, Albert Ondo Ossa doit être déclaré vainqueur”, a-t-il clamé.
Prenant à témoin la “communauté internationale”, il a lancé : “Le moment est venu pour Ali Bongo de partir, il n’y aura aucune négociation”. “Je n’ai pas peur de lui”, a-t-il ajouté.

Fernandez Gobessou (stag)

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