Considérée comme un sujet tabou, la gestion de l’hygiène  des menstrues en milieu scolaire  demeure une préoccupation majeure. La plupart des adolescentes sont déboussolées face à ce phénomène qui s’avère être l’une des causes d’absence répétée des filles à l’école.

Encore appelé ‘’Règles’’,  personne n’ose véritablement aborder le sujet des menstrues,  surtout à l’école tant il demeure tabou. Les adolescentes dont l’âge se situe entre onze et quinze ans sont surprises de voir pour la première fois leurs menstrues. Et ce, souvent dans la cour de l’école, pendant la recréation,  en classe ou lors des activités sportives.

  A l’âge de 13 ans, Lucie,  élève en classe de 5^ème n’a jamais entendu parler de comment il faut s’y prendre pour gérer ses menstrues communément appelée ‘’règles’’. Elle raconte ici sa mésaventure : «  c’était une matinée en plein cours de d’anglais que je me suis levée pour aller mettre une réponse au tableau que toute la classe a éclaté de rire. Les interjections fusaient de toute part et j’étais loin d’imaginer que j’en étais l’objet. Heureusement, c’était une dame qui faisait le cours et qui a su trouver les mots non seulement pour calmer la classe mais aussi pour me rassurer. C’était un sentiment mitigé qui m’a animé. Dès lors, je préfère rester à la maison pendant les 3 ou 4 jours que dure ce phénomène».  Comme Lucie, nombreuses sont ces filles qui ont mal vécu l’apparition de leurs premières menstrues.

 Une situation assez déroutante qui handicape la réussite des filles à l’école.  «  Il faut être attentif et très avertis pour vite déceler  et comprendre qu’il s’agit des menstrues. Une dizaine de filles par classe ressentent généralement des malaises  la dernière semaine de chaque mois. Comme si elles étaient atteintes d’une maladie contagieuse, elles se tordent de douleur et se plaignent de maux de tête ». Un témoignage d’une infirmière rencontré dans un Collège d’Enseignement Général.  Madame Carine kpokpo, institutrice dans une école primaire publique de Calavi confie : «  Le problème d’absentéisme se pose avec acuité chez les filles précoces qui déjà en classe de CM1 et CM2 commence par avoir leurs menstrues.

C’est un véritable casse-tête quand les mères à la maison n’en parlent pas avec elles. Elle font tout une semaine sans mettre pied à l’école ». Jeanne Todégbè, enseignante de français se désole : « Ce phénomène n’est pas sans incidence sur le rendement de ces filles.  Difficultés de rattraper les cours et leçons ratés, incapacité de justifier leur absence au cours. Puisque les menstrues sont considérées comme un sujet tabou,  elles n’ont ni carnet de soin ni d’interlocutrices valables pour les aider à faire comprendre les motifs de leur absence.

Résultat : les notes chutes de façon drastiques dans les matières dans lesquelles ces apprenants n’arrivent pas à travailler ». Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, en Afrique subsaharienne, une fille sur dix ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel, ce qui correspond, d’après certaines estimations, à 20 % du temps scolaire perdu sur une année.
Nombre de filles abandonnent complètement l’école lorsqu’elles commencent par avoir leurs menstrues.  Serait-ce par manque d’installations, d’informations ou de produits d’hygiène que les jeunes filles perdraient 20 % de leur temps scolaire par an ?

 La solution, c’est la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM). Cette expression désigne l’accès à des informations, une préparation et un soutien adaptés qui permettent aux jeunes filles de gérer leurs menstruations de manière hygiénique, avec dignité et en toute sécurité. Et il est crucial que les parents, l’école et des Organisations Non Gouvernementales s’y penchent  afin de soulager les filles.