« Truth Social » est une étape en vue de réfléchir à une future candidature » pour 2024 explique Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis

« Truth Social » est une étape en vue de réfléchir à une future candidature » pour 2024 explique Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis

octobre 23, 2021 0 Par Le pouce

« C’est un pari à très haut risque puisque tout le monde va attendre le chiffre des gens qui le suivent sur ce réseau », a estimé sur franceinfo ce jeudi, Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis. 

« C’est une étape en vue de réfléchir à une future candidature pour essayer de recréer une dynamique » pour 2024, explique sur franceinfo jeudi 21 octobre, Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. L’ancien président républicain des États-Unis a annoncé mercredi 20 octobre, le lancement de son propre réseau social, « Truth Social », après avoir été banni en janvier dernier de Twitter, Facebook et YouTube. Donald Trump souhaite ainsi « résister face à la tyrannie des géants de la technologie », qui ont « utilisé leur pouvoir pour réduire au silence les voix dissidentes en Amérique », explique-t-il dans un communiqué.

franceinfo : C’est une étape en vue d’une future candidature à l’élection présidentielle de 2024 ?

Jean-Éric Branaa : C’est une étape en vue de réfléchir à une future candidature pour essayer de recréer une dynamique. Ce qui a marché dans sa candidature en 2015, c’est que ses provocations déclenchaient aussitôt les gros titres de tous les médias américains et du monde entier. Mais aujourd’hui ça va être très difficile car il a déjà tout fait. Et pour arriver à refaire de la provocation plus forte qu’en 2015, on se rapproche de la zone noire de la dictature. Donc ce sera encore plus difficile pour lui de porter une candidature aux prochaines présidentielles. Ce retour risque de se transformer en « super looser » s’il échoue une deuxième fois.

C’est un sacré pari qu’il fait Donald Trump, car il faut que son réseau social marche ?

C’est un pari à très haut risque puisque tout le monde va attendre le chiffre des gens qui le suivent sur ce réseau. On en est resté à 89 millions sur son compte Twitter qui a désormais disparu mais ce n’était pas uniquement ses fans, c’étaient ceux qui s’intéressaient à son actualité de président et au moins la moitié c’étaient des opposants politiques. Et c’est ce qui faisait le charme de son compte Twitter, c’est qu’il y avait beaucoup de débats et beaucoup de commentaires à la suite de chacun de ses tweets. Or, le risque c’est que sur ce nouveau réseau social ce soit de l’entre-soi, avec ses propres amis, ceux qui l’adulent, et ceux qui seront là uniquement pour répéter ce qu’il dit sans véritablement de contradictions. À ce moment-là, ce sera un raté pour Donald Trump.

Il n’y a plus la même ferveur des partisans autour de Donald Trump ?

Pas du tout, ses partisans sont toujours dans une ferveur très forte, même plus forte encore qu’avant. Il est un véritable gourou. Quand on parle avec des « trumpistes », on est des affreux gauchistes si on ne va pas dans leur sens. C’est un monde assez sectaire. Mais il y a un désintérêt car la dynamique n’est plus là. Tous ceux qui ont rejoint « la locomotive Trump » sont partis ailleurs et ont repris leurs amitiés, leurs vies. Ils ne sont plus intéressés par Trump comme c’était le cas pendant quatre ans avec ces messages incessants sur Twitter.

Comment regarde-t-on ça du côté des Républicains, son ancien parti ?

Le parti républicain est aujourd’hui à la croisée des chemins et c’est très difficile pour les élus. Ils savent bien que l’électorat républicain est toujours en majorité derrière Donald Trump. Et donc, pour pouvoir être réélu, il faut qu’ils collent à la parole de Trump. Donc bien sûr, aujourd’hui, ils vont saluer ce réseau social au minimum ou alors ne rien dire. Il n’y aura pas de voix contre puisque Donald Trump fait la pluie et le beau temps du côté du parti républicain.

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