Suspension de Twitter : comment Buhari prend son pied pendant que les entreprises nigérianes pleurent

Suspension de Twitter : comment Buhari prend son pied pendant que les entreprises nigérianes pleurent

juin 24, 2021 0 Par Le pouce

The Continent explique dans une publication que les start-up nigérianes, les plus prometteuses d’Afrique subissent un coup dur dans le bras de fer entre le pays et le réseau social Twitter dans un pays où 81 % adultes possèdent un téléphone portable.

Lagos a connu en 2020, le plus grand événement dans le monde des start-up africaines, l’acquisition de Paystack, un système de paiement électronique lancé en 2015 par la société américaine Stripe. Cette transaction est estimée à 200 millions de dollars, et marquait d’une pierre blanche pour la communauté numérique en devellopement au Nigeria.

Et depuis, les investisseurs locaux et étrangers se livrent depuis à une chasse à d’autres Paystack par peur de passer à côté à côté d’une grande opportunité.

Car la pénétration du haut débit est passée désormais de moins de 20 % il y a cinq ans à plus de 40 % depuis mai 2020, et le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est celui qui connaît la plus forte croissance dans le pays, 6,31 % au premier trimestre 2021.

Tout ceci, plus le fait que 81 % des Nigérians adultes possèdent un téléphone portable, incite les investisseurs à faire encore plus de chèques de millions de dollars. Les entreprises du numérique n’ont jamais suscité autant d’appétit ni joui d’autant de tolérance dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique.

Quand le gouvernement prend son pied…

Cette explosion d’énergie et d’innovation se heurte cependant à un ennemi familier : le gouvernement. [Le 4 juin], les autorités fédérales ont suspendu Twitter – l’un des plus grands réseaux sociaux du monde – parce que l’entreprise avait supprimé un tweet du compte du président Muhammadu Buhari, estimant qu’il constituait une menace de violence [le président nigérian, ancien militaire ayant combattu au Biafra durant la guerre à la fin des années 1960, a menacé les indépendantistes biafrais : “Beaucoup de ceux qui se comportent mal aujourd’hui sont trop jeunes pour être conscients de la destruction et des pertes de vies qui ont eu lieu pendant la guerre civile du Nigeria. Ceux d’entre nous qui sont restés sur le terrain pendant trente mois et qui ont traversé la guerre vont les traiter en usant d’une langue qu’ils comprennent”, a-t-il tweeté]. Les médias [audiovisuels] ont reçu l’ordre de supprimer leur compte et les citoyens ordinaires ont interdiction d’utiliser le réseau sous peine d’arrestation explique t-il à Courrier international.

Faut-il le rappeler, la suspension de Twitter survient après un autre choc important pour le secteur numérique : il y a six mois seulement, la banque centrale du Nigeria avait ordonné aux banques de ne plus autoriser les transactions en cryptomonnaie. Soudain, le Nigeria était en train de perdre tout intérêt pour les investisseurs du numérique.

“Le fait est que le risque réglementaire était notre principale préoccupation depuis un moment”, nous confie Tokunboh Ishmael, ancienne présidente du conseil d’administration de l’Africa Venture Capital Association [Association africaine des sociétés de capital-risque]. Alitheia Capital, la société d’investissement dont elle est cofondatrice, a contribué au financement de start-up nigérianes.

Dans chaque cas, “le risque réglementaire constituait un facteur élevé dans notre calcul des risques.” Les start-up vont donc devoir proposer aux investisseurs un retour sur investissement plus élevé que celles présentes sur des marchés plus stables, déclare-t-elle rapporte courrier international.

Les dommages pour les entreprises…

Avec la suspension de Twitter les entreprises du numérique ont non seulement du mal à trouver des fonds, mais certaines d’entre elles auront aussi du mal à fonctionner. La firme américaine compte plus de 2 millions d’utilisateurs, et parait incontournable pour les entreprises au Nigeria. Eloho Omame, la fondatrice et PDG d’Endeavor Nigeria ,une entreprise qui aide les start-up à se développer] et a récemment cofondé FirstCheck Africa, un investisseur providentiel qui propose 25 000 dollars [21 000 euros] aux start-up axées sur les femmes pour démarrer.

Twitter “était un point de contact essentiel” avec les treize start-up que finance la société.

Facebook Comments Box