Présidentielle Algérie 2024: la jeunesse algérienne perd espoir pour un réel changement
septembre 8, 2024Ce samedi 7 septembre la population Algérienne est appelée aux urnes pour décider du prochain gouverneur. Bien que ce soit une présidentielle sans véritable enjeu car le chef de l’État sortant, Abdelmadjid Tebboune, est considéré comme largement favori à sa propre succession.
Et la jeunesse algérienne, maltraitée depuis le mouvement du Hirak, est complètement désabusée. Elle ne montre aucun enthousiasme à participer au scrutin et donner à nouveau le pouvoir à celui qui s’inscrit dans la continuité du régime de Bouteflika.
En effet à sa prise de pouvoir, le président Tebboune montrait des signes d’appartenance au mouvement de protestation populaire, le Hirak, comme « béni », faisant croire qu’il était, lui aussi, adepte du changement.
Les Algériens vont alors se rendre compte de leurs illusions, dès son installation. L’oppression va reprendre sa place. Les chefs de partis politiques, des syndicalistes, des avocats, des journalistes ou de simples militants pour le changement ont été envoyés en prison. Toute parole libre qui critiquait le pouvoir, a été réprimée et l’opposition intimidée. Le pouvoir a bafoué les libertés individuelles, collectives et les droits fondamentaux et l’Algérie vit aujourd’hui dans un processus de répression continu.
L’oppression, sujet absent des débats
Une forme d’autocensure s’est installée chez les Algériens, en raison, notamment, du grand nombre de détenus d’opinion. En l’espace d’un mandat, le président Abdelmadjid Tebboune a mis plus de citoyens en prison que durant la période allant de l’indépendance de l’Algérie à son règne, estime Aïssa Rahmoune, avocat du Hirak et aujourd’hui exilé en France.
Le bilan du président Tebboune, en termes de libertés, est catastrophique. Il a été épinglé à plusieurs reprises par Amnesty International et d’autres ONG concernant sa politique vis-à-vis des libertés.
Ce thème de l’oppression était pourtant totalement omis durant la campagne électorale. En privé, nombreux d’Algériens qualifient de « guignols » les deux autres candidats à la présidentielle. Youcef Aouchiche et Abdelaali Hassani Cherif ne se sont jamais opposés au climat d’oppression politique qui règne dans le pays. Ces deux candidats ont vaguement promis plus de libertés en cas de victoire.
L’abstention comme arme
Cette élection est la plus importante après le mouvement populaire algérien de 2019 et le pouvoir a tout fait pour inciter les Algériens à aller aux urnes samedi 7 septembre. En 2019, le président Tebboune a remporté les élections avec un taux de participation officiel de 39,8%, le plus bas de l’histoire des scrutins présidentiels en Algérie.
Selon plusieurs observateurs, le véritable enjeu de cette élection n’est pas la victoire largement anticipée de Tebboune, mais le taux de participation. La population algérienne pourrait ainsi utiliser l’abstention comme une arme de lutte contre le pouvoir.
Après l’échec du Hirak et la reprise en main brutale de la société, la jeunesse algérienne affiche une grande indifférence face à ce scrutin et les abstentionnistes sont considérés comme le premier parti politique en Algérie. Déserter les urnes, ce n’est pas une position de neutralité, c’est une politique. Surtout face à un président qui a déclaré à une chaîne de télévision en 2021 : « Le Hirak, désormais, c’est moi. »
L’élection présidentielle en Algérie se déroule ce samedi 7 septembre. Depuis le début de la campagne, les arrestations se multiplient dans le pays. Cadres politiques, militants ou même simples internautes, sont interpellés par les autorités pour des posts Facebook ou la participation à des manifestations non violente. Ce lundi, Amnesty International a publié un rapport demandant aux autorités de « mettre fin à la répression de l’espace civique à l’approche de l’élection présidentielle ».
« En majorité, il s’agit de personnes qui sont arrêtées pour des publications sur les réseaux sociaux. Mais, ça peut être aussi des activistes politiques qui ont été arrêtés parce qu’ils essayaient de faire des réunions pacifiques. Une soixantaine d’opposants politiques a été arrêtée en août parce qu’ils essayaient de participer à une commémoration historique. En général, il y a souvent une phase de disparition, c’est-à-dire qu’on ne sait pas où les personnes sont retenues pendant plusieurs jours, et souvent, elles réapparaissent après au tribunal, explique Nadège Lahmar, responsable de l’Algérie pour Amnesty International.
Il y a une série de provisions, écrites de façon assez large dans le Code pénal qui sont assez abusives et les autorités sécuritaires et judiciaires les utilisent assez régulièrement. Par exemple, on a l’article 100 du Code pénal sur l’incitation à rassemblement non armé, qui est en fait l’incitation à manifestation, incitation à un rassemblement, qui n’a pas à être criminalisé, mais qui est utilisé régulièrement. »
Gloria HESSAVI (Coll)