Didier Deschamps : léché, lâché et lynché, le Chroniqueur Florent Barraco ouvre son «procès »

Didier Deschamps : léché, lâché et lynché, le Chroniqueur Florent Barraco ouvre son «procès »

juin 30, 2021 0 Par Le pouce

Pointé du doigt comme le principal responsable de l’échec à l’Euro 2020, le sélectionneur le Chroniqueur Florent Barraco pense que sélectionneur français aurait  sa part de responsabilité . Sa chronique…

« La victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline. » On connaît ce jugement de Kennedy, mais dans le cas de l’équipe de France, l’échec a un nom : Didier Deschamps – nous ne prendrons pas au sérieux les accusations contre Mbappé. Le sélectionneur, en place depuis 2012, est vivement critiqué : son innovation tactique (le 3-5-2) et son coaching ultradéfensif ont coûté la qualification face à la Suisse (3-3, 4-5 tab). Et après dix ans de règne se pose la question d’un départ. Le procès de Deschamps peut donc s’ouvrir, loin des « 3L » inventés par Jean-François Kahn : léché, lâché, lynché. Essayons de séparer le bon grain de l’ivraie.

La faute originelle du sélectionneur est d’avoir cédé à la vox populi (médiatique) en rappelant in extremis Karim Benzema. Le joueur du Real Madrid réalise, certes, sa meilleure saison, mais son arrivée a déséquilibré une équipe bien huilée. Deschamps a dû changer, se renier, et mettre Olivier Giroud sur le banc. Le collectif a laissé place à une ligne d’attaque, belle sur le papier, composée d’individualités. On allait voir ce qu’on allait voir et que malgré cinq ans d’absence, le trio Griezmann-Mbappé-Benzema ferait mouche. On évoquait un « QI football » énorme qui permettrait de pallier le manque d’automatismes. Sauf que pendant toute la phase de poules, l’équipe de France s’est cherchée changeant de dispositif tactique tantôt pour avoir une meilleure assise défensive, tantôt pour se projeter plus rapidement. Mbappé a trop voulu s’appuyer sur un Benzema mal placé et Griezmann a joué les pompiers défensifs de service. Résultat, les remplacements offensifs n’ont servi à rien : Giroud a fait de la figuration, car démotivé et dévitalisé.

C’est qui le patron ?

Le retour en grâce de Benzema et le nouveau statut des joueurs ont ravivé la guerre des ego. Giroud s’est plaint de ne plus avoir de ballons ; Mbappé a regretté en public cette déclaration. Mbappé s’est fendu d’une sortie en conférence de presse, expliquant qu’il n’était pas au courant que Griezmann était le tireur officiel de pénalty ; au lieu de le recadrer, Deschamps lui a accordé le droit de tirer les coups francs. Pendant toute cette compétition, Deschamps a semblé se ramollir, oubliant sa rigueur, son intransigeance et même sa rigidité. Fini le béret basque jusqu’à la narine, place aux grandes largesses. Le sélectionneur est devenu permissif et a ouvert la porte aux caprices de chacun.

Contre la Suisse, une scène est particulièrement parlante : blessé, Coman doit sortir. C’est le médecin qui le dit. Un changement est prêt. Coman refuse et reste sur le terrain. À la mi-temps de la prolongation, Deschamps s’agace : « Tu ne peux pas continuer à jouer » ; l’autre répond et se maintient encore deux minutes de plus alors qu’il ne peut plus courir. On croit rêver. Jamais Deschamps n’avait subi pareil affront. Groggy, il ira s’asseoir et passera la fin du match vautré sur son siège.

Deschamps a bâti sa carrière avec l’efficacité comme mantra, appris pendant ses années Juve : seule la victoire est belle, seuls les trophées comptent. Depuis 2016, il était devenu, à juste titre, invincible et incritiquable. Comment peut-on émettre des doutes sur l’homme qui a remis le football français au centre du monde – et sur le toit – après les fiascos de 2008, 2010 et 2012 ? Une élimination en huitième de finale, et de cette manière, n’entrait pas dans le plan. Est-ce suffisant pour jeter ses neuf années passées ensemble ? Bien évidemment, non ! Être critique, oui. Amnésique, non.

Dans une interview donnée à So Foot en 2014, l’attaquant Fernando Torres résumait parfaitement la perception que l’on devait avoir de ce sport. « Dans la vie, de toute façon, tu perds plus de fois que tu ne gagnes. C’est le cas dans ton travail, en amour, à l’école… La réalité, c’est ça : on passe notre vie à perdre. L’important, c’est de profiter à fond des bons moments. » Et quoi qu’on en dise, et quelle que soit sa décision sur son futur, Deschamps a su être un distributeur de bonheur.

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