Pronom « iel » : entre il et elle…« inclusif »

Pronom « iel » : entre il et elle…« inclusif »

novembre 17, 2021 0 Par Le pouce

La version en ligne du dictionnaire enregistre le terme, neutre, visant à définir des locuteurs non genrés entre il et elle.

<< On assiste au concours Lepine de l'ecriture inclusive, avec des autoentrepreneurs de l'orthographe !  >> fustigeait, ce mercredi aupres du Point, le depute Francois Jolivet.

Le Robert, courant octobre, a intégré le néopronom personnel inclusif « iel » – déclinable en « iels », « ielle » ou « ielles » – dans sa version en ligne. déjà employé par des locuteurs se définissant comme « non-binaires », qui ne retrouvent ni dans le genre masculin ni dans le genre féminin, « iel » s’emploie pour « évoquer une personne quel que soit son genre », définit ainsi le dictionnaire.

La colère des politiques…

Cette intégration n’ a plu à certains responsables politiques attachés à la langue française. Pour François Jolivet, député LREM, auteur d’une lettre ouverte à l’attention de l’Académie française, posté sur son compte Twitter, c’est une « intrusion idéologique manifeste qui porte atteinte à notre langue commune et à son rayonnement » et en appelle à l’institution multiséculaire.

Un avis partagé par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, sur le même réseau social. « L’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française. Alors même que nos élèves sont justement en train de consolider leurs savoirs fondamentaux, ils ne sauraient avoir cela pour référence », a-t-il fait valoir tandis que le gouvernement l’a, en partie, bannie de sa communication, depuis février 2019, par l’entremise d’Édouard Philippe.

La règle de l’usage

« On assiste au concours Lépine de l’écriture inclusive, avec des autoentrepreneurs de l’orthographe ! Or, le comité de rédaction du dictionnaire est le garant de quelque chose de plus grand que lui et manque ici à son obligation de réserve et de neutralité », fustigeait, ce mercredi auprès du Point, le député de la majorité. « Il y a des présupposés à l’entrée d’un mot dans le dictionnaire, parmi lesquels une utilisation répandue. Avec « iel », je n’ai que peu d’exemples… », rappelait-il par ailleurs.

Et pour cause, c’est en théorie l’usage qui justifie l’entrée d’un nouveau terme dans le dictionnaire. Or, celui du mot-valise – contraction de « il » et « elle » –, encore exclusivement réservé à l’écrit, demeure extrêmement restreint. Sans compter que les Français souscrivent peu à l’écriture inclusive. Un sondage de mars 2021 (Ifop pour L’Express) soulignait, en effet, que seulement un peu plus de la moitié d’entre eux (58 %) étaient familiers de cette pratique. Et que seuls 37 % de ces derniers approuvaient son usage rapporte le Monde.

Aussi le directeur général des éditions Le Robert reconnaît-il dans un communiqué publié sur le site Internet du dictionnaire ce mercredi l’usage d’un terme « encore relativement faible ». Mais l’assure, « depuis quelques mois, les documentalistes du Robert » ont constaté qu’il était de plus en plus employé. Et de rappeler : « La mission du Robert est d’observer l’évolution d’une langue française en mouvement, diverse, et d’en rendre compte. »

« N’en déplaise à certains, Le Robert n’a pas été subitement atteint de “wokisme” aigu, un mot “non transparent” [pas encore défini, NDLR], dont nous vous promettons bientôt la définition », a-t-il adressé, comme un pied de nez, à ses détracteurs. Reste que le « wokisme », nom commun, donnerait moins de fil à retordre à ses usagers qu’un pronom personnel dont la question des accords grammaticaux demeure en suspens. Et sur laquelle la définition du Robert ne nous éclaire pas davantage…

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