Polygamie au Bénin : les hommes la vivent bien souvent malgré eux

Polygamie au Bénin : les hommes la vivent bien souvent malgré eux

mai 14, 2021 0 Par Le pouce

Interdite par  le nouveau code de la famille au Bénin, la polygamie est bien accordée par l’islam et validée par la tradition béninoise. Elle sera selon le foyer, le problème ou la solution à bien de situations avec des avantages et des conséquences.

 « Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. Je n’avais jamais rêvé épousé deux femmes. Après des années de mariages, nous n’avons pas la chance de procréer. La pression des parents, de la famille élargie et des amis m’ont poussé à tenter une autre relation qui a débouché sur la naissance d’une merveilleuse créature qui m’appelle papa aujourd’hui », confie un plombier qui justifie les raisons de sa polygamie. Longtemps pratiquée dans nos sociétés ancestrales, notamment dans les familles musulmanes et traditionnelles, la polygamie ne fait pas partie des régimes matrimoniaux en vigueur au Bénin et seul le mariage monogamique est reconnu.

Et consignée comme tel dans le code des personnes et de la famille à l’article 143. Elle renferme de nombreux avantages mais aussi des inconvénients. « Sourire… moi pour protéger ma partenaire, j’ai fait la dot, bien cela devrait être symbolique à article 142 du code des personnes et de la famille, avec beaucoup faste et ferveur. Elle était respectable, sincère puisqu’on ne vivait pas ensemble. On se voyait quand on le pouvait. Après le mariage la compréhension devient compliquée. Des heures sur les réseaux sociaux, pour des discussions qui ne m’apportent rien au contraire avec d’autres relations hommes. Mes souhaits ne sont pas respectés. Petit à petit, pour éviter les disputes, j’ai commencé par rentrer tardivement, je passe plus de temps au bureau. Du coup je suis devenu plus proche de ma secrétaire qui m’accompagnait dans mon travail et mes ambitions. On a commencé par se tutoyer, on a fini par nous apprécier, on s’est découvert on chemine aujourd’hui ensemble. », narre Fulbert, un chef d’entreprise.  Une autre histoire qui illustre à suffisance les raisons qui poussent les hommes à vouloir prendre une deuxième femme.  Dans la société, la polygamie permettait à l’individu d’être considéré.

Cette considération était fonction du nombre de femmes et d’enfants qu’un homme possédait. Ainsi lorsqu’un homme voulait par exemple devenir notable, il justifiait sa demande par l’effectif de sa famille : plus il avait de femmes et d’enfants, plus sa demande était considérée, la polygamie accroissait dont les chances d’avoir une descendance nombreuse et un foyer consistant. La polygamie était aussi une nécessité pour l’homme d’avoir une femme artiste, une femme porte-chance. Il y’avait en effet des femmes danseuses, chantefables, berceuses etc…, donc avoir une femme spécialiste était une fierté pour l’homme. En plus, « les hommes pensaient que la polygamie leur accroissait les chances d’avoir une femme porte-chance c’est-à-dire celle-là avec laquelle il pouvait tout réaliser. C’est elle aussi qui le motivait dans ses multiples actions et périples. Bref, elle était l’incarnation de ses aspirations », confie pépé Hilaire, la soixantaine.

Quid de la femme

La polygamie permettait également à la femme d’avoir une place privilégiée au milieu de ses coépouses. En effet, la plus grande fierté pour la femme était d’être la première femme d’un chef, d’un dignitaire etc… Chez certains peuples par exemple, la première femme avait un statut particulier. Elle était comme une mère pour les autres femmes qui lui rendaient toute sorte de services. Plusieurs femmes n’hésitaient pas à encourager leurs maris à prendre une énième femme. Au sein du groupe de femmes donc on avait des titres honorifiques tels que la première femme, la plus respectée, la deuxième femme la plus sociable, et la petite femme, la plus chouchoutée. La polygamie permettait aussi à la femme de se reposer notamment après l’accouchement.

Elle avait donc la possibilité d’aller chez ses parents  car la tradition interdit les relations avec une femme qui allaite et ce pendant deux à trois ans, sans que le mari ne reste célibataire. En plus la polygamie permettait à la femme de travailler aisément car elle instaurait une sorte d’entraide entre les femmes. Tout compte fait, la polygamie en elle-même n’avait rien de dégradant. C’était la forme idéale du mariage. La femme a été assez libre et indépendante. Elle a su jouer son rôle dans la société sans poser le problème d’égalité avec l’homme. Elle était soumise et acceptait la place qui était la sienne. Certes, la polygamie a ses effets et aspects négatifs, mais la christianisation caractérisée d’appauvrissant d’abord et ensuite le modernisme ont changé le schéma traditionnel du mariage et ont contribué à l’effondrement de la société traditionnelle.

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