
Lever le tabou sur les règles chez les jeunes filles déscolarisées : mission accomplie pour Asmine Olympio à Hêvié
juin 2, 2025Ce samedi 30 mai 2025, de 10h à 13h, l’arrondissement de Hêvié a accueilli une activité du projet « Sensibilisation sur la gestion de l’hygiène menstruelle chez les jeunes filles déscolarisées ». Porté par Asmine Olympio, ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme d’Appui à l’Égalité Genre (PAEG-1), financé par la Coopération Suisse et le consortium Wanep – Fenep – Rifonga. L’initiative visait à créer un espace de dialogue autour de la santé menstruelle, encore trop souvent taboue, notamment chez les jeunes filles en situation d’apprentissage artisanal.
Une mobilisation locale autour d’un enjeu souvent silencieux…
L’événement a été ouvert par Asmine Olympio, bénéficiaire du programme PAEG1 et également membre du parti Les Démocrates dignement représenté à l’occasion par une délégation officielle. Dans son discours de lancement, la bénéficiaire du programme PAEG1 a présenté les objectifs du programme, saluant l’accompagnement des femmes vers une société plus égalitaire. Elle a également exprimé sa gratitude envers les partenaires techniques et financiers, tout en expliquant la genèse de son micro-projet.





Plus d’une cinquantaine de participants étaient présents : des apprenties couturières, coiffeuses, accompagnées de parents, patronnes d’ateliers, et autres curieux venus soutenir l’initiative.
Des voix officielles pour légitimer l’initiative…
La cérémonie d’ouverture a connu plusieurs interventions officielles. Vetani Tossou Zannou, représentant du programme PAEG-1/CRWF, a félicité l’initiative et mis l’accent sur l’importance de telles actions locales dans la mise en œuvre concrète de l’égalité genre. Josée Eboe, représentante du commissariat de Hêvié et point focal VBG, a salué la démarche d’ouverture et rappelé que la santé menstruelle est aussi une question de sécurité. Les représentants de l’ADHCA, par la voix de leur président et de la présidente des femmes, Virginie Mahougbe, ont également pris la parole pour remercier l’équipe d’avoir choisi Hêvié pour cette activité utile et courageuse.
Une pause conviviale a permis de prendre quelques photos de groupe, renforçant l’ambiance familiale et détendue de la rencontre.
Un panel ancré dans le vécu des filles et des femmes…
La suite de l’activité a été marquée par un panel de discussion modéré par Dorice Djeton, réunissant des profils complémentaires : des patronnes d’ateliers, une apprentie, et la bénéficiaire Asmine Olympio en tant que spécialiste en gestion de l’hygiène menstruelle et une mère d’apprentie. Les échanges ont permis de libérer la parole autour des règles et de la manière dont elles sont vécues dans les lieux de formation artisanale.
Hodonou Parfaite, apprentie coiffeuse, a témoigné :
« Parfois, on a honte d’en parler, même à nos patronnes. Mais on s’entraide entre nous quand l’une de nous a un souci. Ce genre de séance nous aide à oser parler. »
Les patronnes Agnès Yassahoho, Colette Dodjinou et Élisabeth Aho, elles aussi mères de famille, ont partagé des souvenirs de leur jeunesse et exprimé leur volonté de mieux encadrer les filles à l’avenir.
« Il faut qu’on change notre regard. Les filles ont besoin de nous. Et si nous, leurs patronnes, ne les aidons pas, qui le fera ? », a insisté dame Agnès Yassahoho.
Des questions pratiques et pertinentes ont émergé, notamment sur l’usage, l’entretien et les points de vente des serviettes hygiéniques en tissu, ainsi que sur la nécessité de repenser l’aménagement des ateliers pour intégrer des espaces d’hygiène adaptés.
Des retours encourageants de la part des participantes…
À la fin du panel, plusieurs participantes ont tenu à s’exprimer.
D’abord,Anne Exaucée, apprentie couturière, a déclaré :
« Je me sens privilégiée d’avoir été conviée à cette activité, et je me ferai désormais ambassadrice de la bonne nouvelle auprès de mes camarades qui n’ont pas pu être là. » À sa suite,Adeline, également apprentie couturière, a partagé sa reconnaissance : « Je remercie sincèrement l’organisatrice, surtout pour les kits d’hygiène. C’est la première fois qu’on me donne ce genre de chose gratuitement. Ça montre qu’on pense vraiment à nous. »
Agbo Eugénie, commerçante et mère, a salué l’audace du projet : « Cette initiative est vraiment à féliciter. Chez nous, on parle très peu des règles avec les filles. Pourtant, c’est une question de santé. Je suis heureuse qu’on ait commencé à briser ce tabou aujourd’hui. »
Un geste concret et symbolique…
La séance s’est clôturée par la distribution de kits hygiéniques à toutes les participantes, suivie d’une collation. Ce moment de partage simple mais chaleureux a permis de conclure la rencontre sur une note de solidarité et de reconnaissance.
À travers cette action, Asmine Olympio et ses partenaires ont démontré qu’il est possible de transformer un sujet sensible en levier de mobilisation locale. En parlant des règles, elle a su poser un acte de justice sociale et de dignité, ouvrant un chemin vers plus d’écoute, d’égalité et de mieux-être pour les jeunes filles déscolarisées.
Eunice DOSSOU-KITTI